Le cercle de mes élèves (poètes) roumains

Publié le par le-temps-des-savoirs

Lettre à Mihaela,

 

Un

an s’est écoulé déjà, comme tu me le faisais très justement remarquer, depuis nos rencontres à Marseille : Vous, Jeunes volontaires roumains, dans le cadre d’un projet porté par le Millennium Center d’Arad, et moi, professeur de FLE. Au-delà de ma mission de vous familiariser avec la langue française, ce fut pour moi une vraie découverte interculturelle avec des jeunes Européens de l’Est (inoubliable) au travers de mes cours de français, langue étrangère pour la plupart d’entre vous.

Une culture et des valeurs que je retiendrai, avec des rires et des sourires plein les yeux.

 

… Deux

auteures francophones roumaines que j’ai découvertes depuis :

L’une est Liliana Lazar, avec Terre des affranchis, un récit aux frontières du conte, du roman policier, dont les personnages, le village, le lac, la forêt, le culte orthodoxe, le régime communiste, les livres saints brûlés, l’histoire, … vous entraînent et vous envoûtent …

 

L’autre Letitia Ilea, poétesse,

Je suis ravie de te les conseiller, d’autant que tu ne les connaissais a priori pas ?

 

…… Trois

groupes, trois mois, trois genres,

Tous originaires de Roumanie, mais de régions différentes, d’universités diverses, des vies différentes. Je me souviens d’autant plus de ton groupe, Miha, que …

 

………Quatre

kilos, c’est vraiment ce que j’aurais pu prendre à goûter un peu trop l’excellente cuisine roumaine …

 

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………… Cinq

Continents de la francophonie, comme le Prix obtenu par Liliana Lazare pour sa Terre des affranchis en 2010,

 

…………… Six ?

 

La liste est encore longue, et nous ne manquerons pas de la compléter au fil de nos réflexions, agrémentées, j’en suis sûre de nouvelles découvertes francophones ?

Je vous assure bien, tous, de ma plus grande amitié, et j’espère que les beaux projets que vous aviez sont en cours de réalisation ?

 

A très bientôt

D

 

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Bibliographie :

LAZAR, Liliana, 2009, Terre des affranchis, Gaïa Editions.

HENR J.M., GAMBINI C., 2006, Le français est un poème qui voyage, Rue du Monde collection La poésie.

ILEA Letitia, 2005, Terrasses, cipM (centre international de poésie Marseille)/Spectres Familiers.

Sitographie :

belles-etrangeres.fr/Extraits-video-du-film

http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2006/03/letitia_ileale_.html

 

 

EXTRAITS : 

 

JE NE COMPRENDS PAS

 

je n’aime pas le lait

et cela ne veut pas dire qu’il n’est pas bon

 

je n’aime pas les œillets

et cela ne veut pas dire qu’ils ne sont pas beaux

 

très souvent je ne comprends pas

ce que l’on dit autour de moi

et cela ne veut pas dire que je suis différente

 

le lait est bon les œillets sont beaux

je ne suis pas différente

mais pourquoi vous m’offrez toujours du lait

vous ne cultivez que des œillets

vous dites seulement des choses

que je ne comprends pas

 

LETITIA ILEA (Roumanie)

 

36. LE RÉVERBÈRE

la langue dans laquelle j'ai prononcé mes premières paroles est une langue morte. parce que mort est l'enfant aux pleurs de qui venaient s'abreuver les papillons. parce que morte est la flamme dans les yeux de ma mère. et mort est mon père qui dans cette langue a crié son refus. son insoumission. personne ne l'a écouté. cette langue, je l'ai aimée d'un amour sans pareil. cruel comme tout amour. cette langue, je ne peux plus y boire à ma soif. y cacher mon visage. je l'ai aimée et elle m'a punie. donnez-m'en une autre. donnez-moi une autre langue pour crier ma douleur. une langue où je puisse pleurer mon père. et, pourquoi pas, les années que j'ai mis pour comprendre.


Letitia Ilea, Terrasses, cipM (centre international de poésie Marseille)/Spectres Familiers, novembre 2005.

Publié dans Souvenirs francophones

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